lundi 27 août 2012

Avant l'effacement

 A.Bartholdi, Egypte, 1855, tirage à l'albumine, coll. Cabinet des Estampes, Ville de Colmar
 Angela Grauerholz, Châteaux d'eau, 1989, cibachrome, 125 x 156 cm, coll.FRAC Champagne-Ardenne




Auguste Bartholdi, 
Egypte, 1855
5 Tirages à l’albumine 1860,
Coll. Cabinet des estampes, bibliothèque de Colmar

Bernard Plossu, 
Train de lumière, 1997
Séquence de 25 Photogrammes, 13 x 18 cm
Coll. FRAC PACA, Marseille

Angela GRAUERHOLZ
Hôtel, 1989, Châteaux d’eau, 1989, Harrison, 1988
Tirage cibachrome, 125 x 166 cm
Coll. FRAC PACA

Aurélien FROMENT
Inventaire de succession, 2006
Collage, tirages numériques pigmentaires, 110 x 100 cm
Coll. FRAC Champagne-Ardenne



Depuis son invention, le rôle de prothèse de la mémoire est attribué à la photographie, chargée de conserver les traces de ce qui va disparaître, de dresser un « inventaire du mémorable ». La photographie n’en reste pas moins une fixation fragile et momentanée. Des images photographiques hantent nos mémoires, mais semblent parfois sur le point de disparaître, soit par la destruction du support photographique, soit par l’oubli.

Les photographies d’Auguste Bartholdi (salle 1) et d’Angela Grauerholz (salle 6) montrent des processus d’apparitions et de disparitions du visible. Les photographies d’Auguste Bartholdi enregistrent des « fantômes », ces traces de personnes ayant traversé le champ de la prise de vue, pendant la durée du temps de pose. Ces photographies sont de l’ordre d’apparitions diaphanes, l’instant et l’éternité s’y rejoignent dans un équilibre fragile, puisque le support photographique, par nature éphémère, est guetté par le passage du temps et les dégradations chimiques.

Dans les photographies d’Angela Grauerholz, le passé affleure dans le présent dans des images qui jouent avec l’imperceptible. L’instabilité de la lumière, l’usage du flou font émerger une sensation du fugitif. La vibration du temps se fait tangible dans ces images-tableaux dont le grand format s’oppose à la fragilité de ces images vacillantes, comme surgit de notre mémoire commune.

La collecte d’images et ses archivages permettent de remédier à l’effacement et à l’oubli, de garder la trace de ce qui a disparu comme chez Aurélien Froment dont, Inventaire de succession (salle 3), rend hommage au personnage de fiction Irma Vep ainsi qu’aux différentes actrices qui l’ont incarnée. Dans ce collage, le passage du temps est matérialisé par l’évolution des codes vestimentaires, des styles et des modes.

Dans Train de lumière (salle 2), Bernard Plossu retranscrit l’éphémère de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train, autant d’images qui s’effacent de nos mémoires au fil de leur succession. Train de lumière est une séquence de photogrammes extraits d’une bande super-8, filmée pour le film Sur la voie (Hedi Tahar) lors du trajet en train entre la gare de Lyon et celle de La Ciotat – 100 ans après les frères Lumière. C’est une esthétique du mouvement, du filé, qui retranscrit le caractère éphémère et fragmentaire de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train, qui s’efface de nos mémoires au fil du temps.

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