Depuis
son invention, le rôle de prothèse de la mémoire est attribué à la
photographie, chargée de conserver les traces de ce qui va disparaître, de
dresser un « inventaire du mémorable ». La photographie n’en reste
pas moins une fixation fragile et momentanée. Des images photographiques
hantent nos mémoires, mais semblent parfois sur le point de disparaître, soit
par la destruction du support photographique, soit par l’oubli.
Les
photographies d’Auguste Bartholdi (salle 1) et d’Angela Grauerholz (salle 6) montrent des processus d’apparitions et de
disparitions du visible. Les photographies d’Auguste Bartholdi enregistrent des « fantômes », ces
traces de personnes ayant traversé le champ de la prise de vue, pendant la
durée du temps de pose. Ces photographies sont de l’ordre d’apparitions
diaphanes, l’instant et l’éternité s’y rejoignent dans un équilibre fragile,
puisque le support photographique, par nature éphémère, est guetté par le
passage du temps et les dégradations chimiques.
Dans
les photographies d’Angela Grauerholz, le passé affleure dans le présent dans des images qui jouent avec
l’imperceptible. L’instabilité de la lumière, l’usage du flou font émerger une
sensation du fugitif. La vibration du temps se fait tangible dans ces
images-tableaux dont le grand format s’oppose à la fragilité de ces images vacillantes,
comme surgit de notre mémoire commune.
La
collecte d’images et ses archivages permettent de remédier à l’effacement et à
l’oubli, de garder la trace de ce qui a disparu comme chez Aurélien
Froment dont, Inventaire de
succession (salle 3), rend hommage au personnage de fiction Irma Vep
ainsi qu’aux différentes actrices qui l’ont incarnée. Dans ce collage, le
passage du temps est matérialisé par l’évolution des codes vestimentaires, des
styles et des modes.
Dans
Train de lumière (salle
2), Bernard Plossu retranscrit l’éphémère de la perception des
paysages défilant par la fenêtre du train, autant d’images qui s’effacent de
nos mémoires au fil de leur succession. Train de lumière est une séquence de photogrammes extraits d’une
bande super-8, filmée pour le film Sur la voie (Hedi Tahar) lors du trajet en train entre la gare
de Lyon et celle de La Ciotat – 100 ans après les frères Lumière. C’est une
esthétique du mouvement, du filé, qui retranscrit le caractère éphémère et
fragmentaire de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train,
qui s’efface de nos mémoires au fil du temps.
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