Adolphe
Braun,
L’Alsace
photographiée, 1858-59 et Vues
de Suisse, vers 1862
Épreuves
d’atelier, tirages au charbon vers 1880
Coll.
Christian Kempf, Colmar
François
DELADERRIERE
L’illusion
du tranquille (2008 – 2011)
Tirages
argentique contrecollés sur alu dibon, formats variables
Courtesy
galerie le Réverbère Lyon
Pierre
FILLIQUET
Sans titre, 2001
Tirage
contrecollé sur aluminium, diasec, 98 x 120
Coll.
FRAC Alsace
Indépendamment des périodes historiques, Adolphe Braun
(salle 5), François Deladerrière (salles 4 et 5), et Pierre Filliquet
(salle 3) interrogent
la question du paysage en réalisant des images qui sont des plans fixes
éternisés. Alors
que beaucoup de photographes captent les variations lumineuses et le caractère
multiple de la réalité, ces trois photographes montrent des paysages qui
semblent pétrifiés et immuables. L’intérêt pour le paysage, la construction
rigoureuse et l’esthétique de l’immobilité sont des caractéristiques communes
aux trois photographes.
Loin de toute représentation pittoresque, les paysages d’Adolphe
Braun,
sélectionnés pour cette exposition, adoptent une esthétique très contemporaine,
qui préfigure la frontalité, la platitude et la clarté. Les tirages exposés
sont des épreuves d’atelier, réalisées avec un procédé au charbon. Les noirs
sont profonds et un relief est visible sur les parties les plus sombres de
l’image.
L’illusion du tranquille (2008-2011) est une série réalisée par François
Deladerrière dans
des vallées reculées. Les vues de forêt ou de roches côtoient des images de
discothèques vides, en marge de toute contemporanéité. L’apparente harmonie des
paysages et le silence des lieux festifs semblent troublés par une puissance
inquiétante, celle de l’illusion du tranquille. Des vues sont parfois proches
d’une esthétique de la ruine, et l’on peut y voir un écho aux considérations de
W.G Sebald qui écrivait dans Les anneaux de Saturne : « Sur chaque forme
nouvelle plane l'ombre de la destruction. Car l'histoire de chaque individu,
celle de chaque communauté et celle de l'humanité entière ne se déploie pas
selon une belle courbe perpétuellement ascendante mais suit une voie qui plonge
dans l'obscurité après que le méridien a été franchi. »
Pierre Filliquet représente l’immuable, le regard butte sur la surface plane
d’une falaise qui occupe la quasi-totalité de l’image. Comme chez François
Deladerrière la
catastrophe n’est pas loin, la ruine est visible.
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