dimanche 26 août 2012

Esthétique de l’immobilité

François Deladerrière, Sans titre, Creuse, 2010, extrait de la série l'Illusion du tranquille. Courtesy Galerie Le Reverbère
Adolphe Braun,  Vallée de Guebwiller, forêt de Lauchen, 1858-59. Coll. Christian Kempf.



Adolphe Braun,
L’Alsace photographiée, 1858-59  et Vues de Suisse, vers 1862
Épreuves d’atelier, tirages au charbon vers 1880
Coll. Christian Kempf, Colmar

François DELADERRIERE
L’illusion du tranquille (2008 – 2011)
Tirages argentique contrecollés sur alu dibon, formats variables
Courtesy galerie le Réverbère Lyon

Pierre FILLIQUET
Sans titre, 2001
Tirage contrecollé sur aluminium, diasec, 98 x 120
Coll. FRAC Alsace



Indépendamment des périodes historiques, Adolphe Braun (salle 5), François Deladerrière (salles 4 et 5), et Pierre Filliquet (salle 3) interrogent la question du paysage en réalisant des images qui sont des plans fixes éternisés. Alors que beaucoup de photographes captent les variations lumineuses et le caractère multiple de la réalité, ces trois photographes montrent des paysages qui semblent pétrifiés et immuables. L’intérêt pour le paysage, la construction rigoureuse et l’esthétique de l’immobilité sont des caractéristiques communes aux trois photographes.

Loin de toute représentation pittoresque, les paysages d’Adolphe Braun, sélectionnés pour cette exposition, adoptent une esthétique très contemporaine, qui préfigure la frontalité, la platitude et la clarté. Les tirages exposés sont des épreuves d’atelier, réalisées avec un procédé au charbon. Les noirs sont profonds et un relief est visible sur les parties les plus sombres de l’image.

L’illusion du tranquille (2008-2011) est une série réalisée par François Deladerrière dans des vallées reculées. Les vues de forêt ou de roches côtoient des images de discothèques vides, en marge de toute contemporanéité. L’apparente harmonie des paysages et le silence des lieux festifs semblent troublés par une puissance inquiétante, celle de l’illusion du tranquille. Des vues sont parfois proches d’une esthétique de la ruine, et l’on peut y voir un écho aux considérations de W.G Sebald qui écrivait dans Les anneaux de Saturne : « Sur chaque forme nouvelle plane l'ombre de la destruction. Car l'histoire de chaque individu, celle de chaque communauté et celle de l'humanité entière ne se déploie pas selon une belle courbe perpétuellement ascendante mais suit une voie qui plonge dans l'obscurité après que le méridien a été franchi. »

Pierre Filliquet représente l’immuable, le regard butte sur la surface plane d’une falaise qui occupe la quasi-totalité de l’image. Comme chez François Deladerrière la catastrophe n’est pas loin, la ruine est visible.

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